se résout, pour Racine lui-même, en une fiction d’âme. Son étude psychologique dégage la passion propre qu’elle a choisie pour objet des autres accidents humains qui, dans la réalité, l’environnent, s’y mêlent, l’exagèrent ou la diminuent, respectent l’unité de son intensité ou la dépravent. Les personnages de Racine ont une vérité de convention ; les passions de Racine ont une vérité de réalité. Aux personnages un à peu près d’action historique, un à peu près de visage historique suffisent : aux passions, il faut tous les développements d’une psychologie logique et minutieuse. Les personnages ne sont particulièrement ni Juifs, ni Grecs, ni Romains, et leur titre de roi, de confident, de prêtre, de guerrier, n’est qu’une étiquette ; mais les passions sont humaines et gardent toute la vérité humaine. Aussi, les noms-mêmes des héros de Racine ont-ils perdu le sens qu’ils avaient dans les traditions qui les ont fournies, pour devenir les noms-mêmes des passions dont les personnages sont animés. Ces personnages aux costumes chimériques et dont le geste nous échappe, ont des corps diaphanes où brille seule la flamme de leur passion.
Le désir de connaître une généralité spirituelle restreinte à l’un de ses aspects, voilà donc ce qui caractérise le génie du XVIIe siècle. Bossuet dit l’âme humaine orientée vers le Dieu de l’Évangile et le plus admirable de ses livres, Les Élévations