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nuage de feu, mon ami décédé durant l’hiver. Je m’expliquai alors la grande clarté que j’avais vue.

Laberge, c’était bien lui qui se trouvait devant moi, paraissait souffrir affreusement.

Regarde, me dit-il, vois ce feu qui me dévore depuis des siècles — il croyait être dans le purgatoire depuis des centaines d’années, et il y avait tout au plus six mois qu’il était mort. — C’est par ta faute que je souffre ainsi ; tu as refusé de me donner à ma mort, l’argent que tu m’avais prêté et Dieu n’a pas voulu m’admettre dans le paradis. Voilà ton argent. Puisses-tu ne jamais te trouver dans ma position. Il me donna deux piastres et disparut.

J’avais bien l’argent dans la main. J’arrivai chez moi à la hâte et racontai à mes parents ce que je venais de voir. Le lendemain je portais l’argent du purgatoire au curé de Saint-Joachim qui s’empressa de dire des messes pour les âmes défuntes.

Je n’ai pas besoin de vous dire que depuis le jour où mon ami Laberge m’apparut, je fais attention et je n’envoie plus le monde se chauffer.