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Au dehors, il faisait une tempête épouvantable.

Il neigeait ; un fort vent de nord-est faisait tourbillonner la neige en tout sens.

On ne voyait pas à deux pieds devant soi.

Tout à coup la porte s’ouvre avec fracas et le mari d’Alvina entre en titubant et en jurant comme un possédé contre le mauvais temps.

La pauvre femme essaie de le calmer ; elle lui parle de son fils qui dort paisiblement et qu’il va réveiller.

La voix de son épouse semble exciter davantage le malheureux.

Il redouble de fureur, les blasphèmes les plus affreux sortent de sa bouche.

Il en vient aux menaces ; il saisit les chaises et les met en pièces ; finalement, il s’empare d’un morceau de bois qu’il trouve sous sa main et s’élance sur sa femme pour la battre…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les cris du misérable ivrogne avaient réveillé l’enfant.

En voyant son père fou de colère, en apercevant sa mère en pleurs, que le malheureux menaçait, le pauvre petit fut pris d’une terreur folle.

Il descend de son lit, se glisse furtivement du côté de la porte, puis s’élance dehors sans se soucier de la tempête qui sévit dans toute sa rigueur.