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comme des mercenaires jusqu’à très tard dans la veillée.

Au fur et à mesure que les enfants grandissaient, on leur trouvait de l’ouvrage et ils aidaient à leurs parents dans les divers travaux qu’ils avaient à faire.

Disons que cette famille était heureuse malgré sa grande pauvreté.

Augustin Bertrand et Fanchine Lorain étaient de bons catholiques, pratiquant la religion. Ils élevèrent leurs enfants dans la crainte du Seigneur.

Mon ami François était le dix-septième enfant de cette brave famille. Il y en avait encore un régiment par derrière lui.

Pauvre, comme Augustin Bertrand était, il est facile de comprendre que l’éducation de ses enfants fut négligée. Je dirais de suite que pas un ne connut le chemin de l’école par y avoir été. Il les envoyait au catéchisme quand venait le temps de leur première communion et c’était tout.

François, mon ami, était le plus intelligent, comme le plus beau de la famille.

Dès qu’il eut atteint sa dixième année, il résolut de s’instruire. Ne pouvant prendre un instant sur les heures de travail, il fut forcé d’étudier la nuit. Il réussit ainsi, à apprendre à lire et à écrire.

Lorsqu’il eut atteint sa vingtième année, il vint