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Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/46

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Quelques malins prétendent que mon ami François lisait des romans, et qu’ayant rencontré un jour le nom Ida dans un de ses livres, il jura que si jamais Dieu lui donnait une fille, il lui donnerait ce nom.

La chose arriva comme il l’avait décidé.

Ida grandit choyée, dorlotée par son père et sa mère.

Ce pauvre François avait connu les privations. Il savait par y avoir passé lui-même, ce que souffre l’enfant du pauvre. Il prit tous les moyens pour épargner à sa fille les misères qu’il avait endurées.

Elle fut élevée avec toute la délicatesse possible.

Le commerce allant toujours de mieux en mieux, François fit faire un cours d’étude à sa fille, afin disait-il, d’en faire une demoiselle.

Au moment où commence notre récit, Ida peut avoir une vingtaine d’années.

Je surprendrai probablement mes lecteurs en leur disant que la petite n’était pas laide du tout. Au risque de ne pas être cru de quelques-unes de mes lectrices, je dirai qu’elle était même jolie.

La chose peut fort bien arriver, diantre ; n’a-t-on pas vu un père et une mère laids, affreusement laids même, avoir de jolis enfants.

Pour faire un portrait fidèle de la jeune fille, il