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tant à chacun de ses engagements, il en était rendu à recevoir quatorze piastres par semaine.

Ses amis, ou plutôt ses ennemis, qui voulaient sa ruine, pour des raisons que nous donnerons plus tard, lui offrirent souvent de passer une partie de la veillée avec eux ; il refusait toujours.

Enfin, au bout de cinq ans, ils trouvèrent l’occasion de le faire boire et de le renvoyer chez lui complètement ivre. Dès lors il devint leur proie.

À force de lui conter cinquante histoires, propres à ridiculiser son épouse, ils réussirent à la lui faire détester entièrement. Prières, supplications de la part de son épouse, rien ne pouvait toucher le misérable ivrogne. Au bout de deux ans, Hypolite se trouvait sans situation.

La misère arriva bientôt avec son cortège de privations.

Marie-Louise se vit réduite à vendre ses meubles, pour pourvoir aux besoins de sa famille.

Le misérable qui était la cause de son malheur, en rejetait la faute sur son épouse. Il n’était pas rare, lorsqu’il arrivait ivre, de le voir battre sa femme, et maltraiter ses enfants. Il alla même jusqu’à les menacer de les tuer.

Marie-Louise supportait patiemment toutes les privations, mais elle ne pouvait voir souffrir ses enfants.