Page:Morissette - Le fratricide, 1884.djvu/113

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Pierre arriva à sa chambre. Sa chambre !… l’espace de quelques pieds qu’une couchette en fer remplissait presqu’en entier, et où le détenu ne pouvait que se coucher ou s’asseoir sur son lit.

Le bruit que fit le gardien en fermant et en barrant la grille retentit jusque dans le cœur du pauvre malheureux. Harassé par la fatigue du voyage, brisé par l’émotion, il se jeta sur son lit et la figure cachée dans son oreiller, donna libre cours aux sanglots qui l’étouffaient. Le désespoir était dans son âme. Voilà donc où l’avait conduit son mauvais caractère. Il était à jamais déshonoré et son déshonneur allait rejaillir jusque sur ses vieux parents. Cinq ans à vivre dans cette prison, au milieu de voyous de la pire espèce. Enfermé le jour entre quatre murs épais, et sous l’œil vigilant des gardiens qui épieraient tous ses mouvements, et la nuit dans cette étroite cellule ou les remords viendraient l’assiéger. Quelle vie !

La mort n’était-elle pas préférable à cette vie affreuse qu’il allait mener,