Page:Morissette - Le fratricide, 1884.djvu/135

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Arthur prenait tous les moyens possibles de chasser de l’esprit de sa bonne petite femme toutes ces idées noires. Mais, à force d’entendre Alexina lui parler de ses pressentiments, il avait fini par y prendre part. Et quand la jeune femme lui faisait part de ses craintes pour l’avenir, il ne trouvait d’autre réponse à lui faire que de la presser sur sa poitrine et de la couvrir de baisers.

Environ huit jours après la sortie de Pierre du pénitencier, Arthur dut aller à Chateauguay, porter une certaine quantité de grain qu’un marchand de cet endroit avait acheté de lui. Afin d’être de retour le même jour, Arthur partit de bon matin. À son départ Alexina se jeta à son cou et lui demanda en grâce d’envoyer un de ses hommes à sa place à Chateauguay.

— Je sens qu’un malheur va t’arriver, s’écriait la jeune femme les larmes aux yeux, et que ferai-je sans toi, mon pauvre Arthur.

— Ne crains rien, ma chère Alexina, je pars de bonne heure et je serai de retour