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UN REVENANT

trant j’aperçus un homme, maigre et décharné, moitié vêtu, assis sur une bûche près du foyer, et qui semblait sortir d’une profonde rêverie.

En me voyant un éclair de joie brilla dans ses yeux : — Soyez le bienvenu dans ma pauvre demeure, dit-il, je n’ai autre chose à vous offrir qu’un abri contre le mauvais temps ; puisse-t-il vous satisfaire.

Surpris de me trouver en présence d’une personne que je n’avais jamais vue, dans un lieu où je devais connaître tout le monde, je lui demandai comment il se faisait que depuis six ans que je demeurais à Charlesbourg, je ne l’avais pas rencontré ?

— En effet, me répondit-il, vous ne devez pas me connaître, puisqu’il y a dix ans que je ne compte plus parmi les vivants.

— Comment ! monsieur, vous êtes mort depuis dix ans ? dites-vous, et vous êtes ici ce soir ! vous êtes donc un revenant ?

— Oui, je suis un revenant ; si vous me voyez ici en ce moment, ce n’est que par