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LE VAMPIRE

un monstre qui ne mérite pas de pitié, vous avez un oncle qui a toujours été bon pour vous et qui s’appelle aussi… Bartier.

Général des Carrières fit un mouvement qu’il réprima aussitôt.

— C’est pour lui, surtout, que j’ai gardé le secret de ma naissance, dit-il.

Mais qui donc êtes-vous ?

— Je suis le domestique du Docteur-Noir, que vous veniez voir souvent dans vos instants de repentir,

— Ah ! si je l’avais écouté !

— Il n’est plus temps. Un dernier mot : Votre père sait bien que le prétendu Général des Carrières est son fils. Il attend votre mort impatiemment pour être enfin tranquille. Il est venu ce soir devant l’échafaud. Il veut voir !

— Puisse mon sang rejaillir sur lui et lui brûler les yeux, fit le condamné avec une sourde colère.

— Vous venez de prononcer son châtiment, répondit gravement le domestique du Docteur-Noir.

— Est-ce tout ?

— Non, j’ai une dernière chose à vous dire. Voulez-vous échapper à la mort hideuse qui vous attend et vous éteindre ici doucement sans souffrances.

— Comment cela ?

— C’est le secret de mon maître et de la science.

— Oui, j’accepte… Oh ! vous m’avez piqué.

— Adieu.

Cette conversation faite à voix basse et à l’écart n’avait été remarquée de personne. Flack n’avait pas un seul instant interrompu son travail. Il avait entièrement coupé les cheveux du condamné sur le cou.

Il se retira, faisant place à M. Dublair ; un spectateur vigilant l’eût vu jeter dans le poêle allumé, une grosse aiguille tachée à son extrémité.

— En avant ! dit le bourreau.

Mais à sa grande surprise, Général ne bougea point.

— Il s’est évanoui, sans doute, fit observer le chef de la sûreté.

M. Dublair jeta un coup d’œil soupçonneux sur Jean-Baptiste Flack qui avait repris sa physionomie souriante.

— Il a une syncope, voilà tout, approuva l’exécuteur.

— Une syncope dont on ne revient pas, murmura le domestique du Docteur-Noir.

— Que faut il faire ? questionna le directeur de la Roquette ;

— Rien, fit vivement le bourreau, je l’emmène comme cela.

Il saisit le corps inerte de Général par la courroie de derrière, et deux aides se placèrent de chaque côté, le soutenant par les coudes.

On se mit en marche dans cet appareil.