Et, pour s’excuser auprès de M. Cuplat, il lui dit avec embarras :
— Monsieur le directeur…
— Appelez-moi : Monsieur le gouverneur, répliqua celui-ci en bégayant.
— Soit… je veux bien… mais j’entends des bruits qui ne sont pas naturels… Je n’ai pas pour habitude de me déranger pour une bagatelle… mais, cette nuit, il doit y avoir quelque chose.
— Oh ! mon Dieu ! s’écria Niniche… Que dites-vous ?… J’ai peur !
— Je vous requiers tous de me dire : Monsieur le gouverneur de… de… Ah ! c’est fort, mon vieux Bonnasse… je ne sais plus de quoi je suis gouverneur… De la Bastille ?… Non elle est démolie…
Et M. Cuplat s’endormit sur sa chaise.
— Ne me laissez pas seule, supplia Niniche en s’adressant au garde qui se disposait à sortir.
— Je revins dans une seconde… je veux voir si nous pouvons sortir sans histoire… Dame, vous savez, c’est défendu de faire des extra dans la loge du Père-Lachaise… Si on savait ça à l’administration !
Il quitta la chambre et se dirigea vers l’allée principale.
Se baissant contre le sol, il écouta…
Un bruit confus, indistinct, lui parvint.
— Diable ! pourvu qu’il n’arrive pas une affaire pendant que je serai parti…
Cette idée le tracassait.
Il arma son revolver et marcha résolument en avant.
Laissons-le s’aventurer dans la nécropole et reprenons l’ordre naturel de notre récit que nous avons dû abandonner pour donner plus de clarté à ce qui va suivre.
Désormais le lecteur, mis au courant, saisira l’enchaînement des faits.
Quand Caudirol, attaché à l’entourage d’une tombe, se vit seul, il songea aux moyens de s’échapper.
Nous savons qu’il avait résisté au narcotique et joué la comédie au point de tromper le Docteur-Noir.
Il se mit à frotter ses liens contre la pierre, afin de les user…
Après quatre ou cinq minutes de frottement, il y parvint.
La corde se déchira.
Il était libre.
En un instant, il se trouva devant le caveau provisoire.
Son regard tomba sur le pistolet du Docteur-Noir.
Il s’en empara aussitôt.
Un bruit de pas rapproché le décida à prendre la fuite.
Le médecin revenait…