Je compte sur ton intelligence et ton dévouement pour parvenir à ce résultat.
Maintenant, ma belle Sauvage, laisse-moi te dire que je ne vis plus depuis ton départ. Je passe les nuits à me tordre sur ma couche solitaire. Oh ! quand tu reviendras, je te broierai sous mes caresses.
Au revoir, le moment venu je te ferai signe d’accourir,
Un million de baisers sur tout ton corps.
La Sauvage lut et relut cette lettre de son amant à plusieurs reprises. Une appréhension dont elle ne pouvait se défendre l’agitait. Cet homme rempli de fougue et de passion attendrait-il son retour pour donner cours au déchaînement de ses sens, toujours en éveil ?
Elle se souvenait des nuits brûlantes passées avec ce satyre, de ses immenses besoins d’amour, de ses caresses qui la brisaient, de ses crises suprêmes où il rugissait dans l’embrasement de sa chair, Elle revoyait cet être étrange se tordre désespérément dans ses bras, inventer des plaisirs plus aigus, plus vibrants, la mordre et la lécher comme un fauve en rut.
Une jalousie farouche s’emparait de la Sauvage. Aucune femme, pensait-elle, ne résisterait à son amant dont la sensualité devait être mise en rage par la continence.
Cette madame Le Mordeley était peut-être déjà sa rivale ?
Lydia deviendrait la proie toute désignée de ce monomane… Voilà ce qu’elle se disait et la jalousie envahissait son cœur. Cette passionnée adorait Caudirol et elle le voulait tout entier, sans partage. Aussi elle se promettait bien de ne pas rester longtemps éloignée de son amant.
En proie à ces pensées, elle se rendit chez Sacrais. C’était, en temps d’alerte, le quartier-général de la bande. Elle ne doutait pas que tous les hommes ne fussent réunis.
Son attente ne fut pas trompée.
Les bandits qui avaient échappé la veille à la police étaient au complet.
L’Homme-qui-Pue, le receleur de la bande, était également présent.
— Ah ! je vous disais bien que la patronne n’est pas pincée, fit Tord-la-Gueule quand la Sauvage apparut.
Ce fut une explosion de joie.
Les misérables avaient une sorte de culte pour cette jeune femme qui s’était faite leur Égérie.
— Vous voyez, observa Sacrais, il manque des camarades.
— On ne peut pas les sauver, répliqua la Sauvage. On les vengera !
— Oui, oui, approuvèrent les bandits réconfortés par cette énergie farouche.