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LE DOCTEUR-NOIR

— Et vous le ramenez chez lui ?

— Tout juste.

— Ce n’est pourtant pas l’habitude.

— Non, mais celui-là est malade. Il ne peut pas se traîner.

— Et il demeure avenue de Choisy ?

— Oui, au 53. Le brigadier a dû vous le dire.

— Ah ! c’est un brigadier votre compagnon.

— Parfaitement.

On était arrivé.

La voiture s’arrêta le long du trottoir.

Jean-Baptiste Flack sauta rapidement dans la rue et aida son maître à descendre.

Le Docteur-Noir prit le bras de son ami, tandis que La Marmite payait généreusement le cocher.

Quand la voiture se fut éloignée, les trois hommes prirent à droite et gagnèrent la prochaine station du chemin de fer de ceinture.


    « Morphy revint en France et fut de nouveau arrêté, condamné et renvoyé à la frontière. Il alla en Belgique et fut obligé de s’enfuir pour éviter une condamnation dans ce pays, pour écrits régicides. Il gagna l’Angleterre, et se mêla au mouvement révolutionnaire irlandais. Sa participation, aux agissements des « Invincibles » devait lui valoir plus tard un dossier entraînant la peine de mort.

    « Le jeune écrivain, alors âgé de dix-neuf ans, retourna à Paris où il resta caché, rédigeant son journal la République sociale, qui lui valut de nouvelles persécutions. Il fut encore condamné à un long emprisonnement. Il fonda une nouvelle feuille et, arrêté dès le premier numéro, il passa un an à Mazas.

    « Nouvelle expulsion suivie d’une nouvelle rentrée en France, et toujours repris et condamné sans pitié ! C’est ainsi qu’il a passé sa jeunesse en prison, étudiant et travaillant sans cesse. Il ne s’est guère passé de mois que la presse n’enregistrât une affaire nouvelle à l’actif de Morphy qui est devenu un prisonnier de marque. Pendant ce temps, il collabora à une grammaire et à une encyclopédie.

    « Cette continuelle persécution finit par émouvoir l’opinion publique. Il y eut des interpellations à la Chambre des députés. Un projet de loi réclamant la mise en liberté de Morphy fut même déposé. Talandier, après Louis Blanc, s’occupa de ce perpétuel récidiviste.

    « Mais son décret d’expulsion, attaqué devant le conseil d’État, comme pris injustement, fut cassé le 15 avril 1884 ; Morphy était reconnu Français.

    « Il collabora au journal la République démocratique et sociale, dirigé par un député. Le conseil des ministres décida que des poursuites seraient intentées.

    « L’affaire vint devant la Chambre. Morphy, fut condamné coup sur coup en Correctionnelle et en Cour d’Assises pour un article contre la religion et une étude économique sur la question du travail.

    « Ces dernières condamnations, en y joignant la contrainte par corps, s’élevaient à deux années et demie d’emprisonnement.

    « Inutile de parler des amendes fabuleuses auxquelles il fut condamné.