Aller au contenu

Page:Moselli - La Cité du gouffre, 1926.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

je me trompai dans une livraison. Enfin, je fus encore sur le pavé.

» Je tombai dans la misère la plus noire. Je couchai à l’asile de nuit… lorsqu’il y avait de la place. Quand on n’a plus de logis, quand on ne possède plus de vêtements présentables, il est impossible de remonter la pente !…

» Pour ne pas périr de misère, je fus heureux de trouver une place de graisseur dans les machines, à bord d’un vapeur anglais… Mais, à Melbourne, je m’enivrai à ma première descente à terre. On me donna mon sac.

» Ce fut une chance ! On construisait une ligne de chemin de fer entre Saint Kilda et Buxton, dans une plaine infestée de malaria. Les ingénieurs mouraient les uns après les autres. Et on ne leur trouvait pas de remplaçants. Je montrai mes diplômes. Je fus engagé à cinquante livres par mois. Une aubaine !

» Je gardai mes fonctions sept mois, jusqu’au moment où un Syrien vint installer sa cantine le long du tracé de la ligne. Il vendait un whisky infâme, qui empoisonnait les travailleurs. Mais, à moi, il me procura du cognac authentique, comme je n’en avais pas bu depuis des mois.

» Je fermai les yeux sur son trafic. Et je contentai ma passion pour l’alcool. Un inspecteur de la compagnie passa. J’étais ivre. Je fus ren-