Page:Moselli - La Fin d'Illa, 1925.djvu/75

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lement, entre le battant et le chambranle, Fangar, le chef des aéristes, la face couverte de sang, apparaissait.

Machinalement, je levai la tête vers la lentille de sélénium. Elle avait cessé de briller. Le courant dont elle était en quelque sorte imbibée avait dû être coupé.

— Venez ! Vite ! souffla Fangar.

Je voulus me lever, mais mes jambes, qui, depuis des jours et des jours, étaient repliées sur elles-mêmes, refusèrent de me porter. J’eus suffisamment de force pour me mettre debout, mais mes jarrets plièrent sous moi. Je retombai.

Une angoisse atroce crispa les traits de Fangar. Il franchit le seuil de la cellule, se baissa et, m’ayant saisi par les épaules, me souleva :

— Vite ! Il le faut... murmura-t-il. Essayez de marcher !... Nous avons deux ou trois minutes devant nous, et je suis trop faible pour vous porter !

J’appelai toutes mes forces à moi. Les dents si serrées qu’elles grincèrent, la sueur aux tempes, tous mes muscles raidis en un suprême effort, je réussis à sortir du cylindre de mort, et, appuyé sur l’épaule de Fangar, à faire deux ou trois pas.

Une crampe me saisit. Je dus me retenir au