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ces détails insignifiants de toilette, qui pesés au long des jours, prenaient une importance. Elles s’en faisaient l’aveu parfois, mais c’était pour s’excuser aussitôt, car on ne savait où donner de la tête.

Marthe essaya le voile de mousseline et la couronne d’oranger. Jeanne la complimentait, affirmant qu’elle aurait grand air, au jour de ses noces.

Enfin le grand jour arriva.

Il y avait au moins quatre-vingts invités à cette noce : on était venu de tous les pays environnants. Dans la cour de la ferme s’entassait un pêle-mêle de charretons, de carrioles, de tape-culs autour desquels tournaient des paysans, qui avaient passé leur blouse par-dessus la redingote de cérémonie. On avait sorti des armoires d’antiques chapeaux, hérissés comme des barbets qui ont couru dans les broussailles, des gibus au ruban large comme la main. Les femmes descendaient des voitures, tapant à petits coups sur la soie de leur robe, pour en effacer les plis. Des poules allaient et venaient dans ce vacarme, l’œil vif, picorant à coups de bec saccadés l’avoine tombée des musettes de toile, où mangeaient les chevaux ; et des petites filles, aux cheveux luisants de pommade, marchaient lentement, tenant les mains écartées de leur corps, par crainte de salir leur robe blanche.

Le premier coup de la messe sonna.

Le carillon tombait gaiement dans le soleil, s’éparpillait en volées frémissantes dans les rues claires, courait dans les jardins plantés de groseillers épineux.

Pierre, suivant l’usage, alla chercher Marthe qui était sa « Valentine » pour ce jour-là. Il lui offrit un cadeau, qui consistait en une boîte de gants et un sac de dragées.