Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/209

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Dominique, ayant traversé la rivière, attacha sa barque à une touffe de saules.

Peinant et soufflant à chaque pas, il gravit les rampes qui escaladent le flanc de la vallée, et grimpent à travers bois, vers le plateau lorrain.

Des sources fluaient, invisibles, suintant parmi les mousses ; les grands hêtres étendaient leurs branches dans l’air embrasé.

Le pêcheur s’arrêta en haut de la montée.

Derrière lui la vallée de la Moselle se creusait, étalant les vignobles exposés au soleil, les murots de pierre sèche, le fond de prairie franche où la rivière luisait.

C’était le « pays plaisant », comme il disait d’un mot de paysan, profond et sincère, car il savait en reconnaître la beauté, sans trop creuser cette impression, comme un vieil homme qui avait passé sa vie sur les eaux.

Mais quand il se retournait et qu’il contemplait la plaine étalée devant lui, son âme était chaque fois traversée d’étonnement.

Un pays nouveau se révélait là, brusquement, comme si on avait ouvert une porte.

C’était grand et beau, d’une beauté qui vous serrait le cœur.

La plaine s’étendait à perte de vue, jusque vers Allain et Colombey, déroulant l’ondulation des terres argileuses. La flèche d’un clocher, montant d’un pli du sol, révélait la place des villages blottis, au creux