Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/31

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Mais lui n’ignorait plus rien, et dans le cœur de la pauvre fille vivait le souvenir vibrant de cette caresse dont la douceur se prolongeait, doucement émouvante…

Le village dormait ; accroupis au fond de la nuit, les toits de tuiles allongeaient leurs grandes silhouettes paisibles. Dressant son timon d’étoiles, le Chariot de David s’était incliné un peu…

Rentré dans le veilloir, Pierre avait presque oublié cette aventure.

Le lendemain, les deux pêcheurs se reposaient, car c’était jour de dimanche.

Un grand silence enveloppait les campagnes, le silence d’automne, avant-coureur du sommeil hivernal. Les bois lointains, les vignes, l’horizon des côtes reposaient dans un calme infini, une sérénité baignée de lumière. Et les fils de la Vierge, se détachant des buissons, se déroulaient dans leur chute molle et sinueuse.

Les dernières feuilles tombaient des arbres, emportées par des souffles froids. Au fond d’un verger, quelques cerisiers, touchés par les gelées précoces, semblaient revêtus d’un rouge éclatant, pourpre somptueuse qui détonnait dans la nudité des campagnes.

Une rumeur de vie courut de l’horizon, dans une flambée de soleil. Le vent léger charriait des sons de cloches, des claironnements de coqs, des appels de bateliers. Ce mystérieux appel réveillait la terre lorraine, suscitait la force fécondante endormie au creux