Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/103

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sont beaucoup plus rares. Pendant la nuit, les habitants n’osent pas s’aventurer hors de leurs habitations ; mais dans la journée ils savent que ces animaux, repus du produit de leurs chasses, se retirent dans leurs antres au fond des bois. Étant allé explorer la partie orientale, de la chaîne de Pakpriau, il m’arriva de m’égarer en pleine forêt à la poursuite d’un sanglier qui se frayait un passage dans le fourré avec beaucoup plus de facilité que mes gens et moi, chargés que nous étions de fusils, de haches, de boites, etc. ; nous manquâmes sa piste ; cependant, par les cris d’effroi des singes et autres animaux, nous savions ne pas être éloignés de quelque tigre ou léopard, digérant sans doute sa proie du matin. La nuit arrivait ; il fallait songer à regagner le logis, sous peine de quelque rencontre désagréable ; mais, en dépit de nos recherches, nous ne pûmes trouver de sentier, et nous dûmes, très-éloignés du bord de la forêt, passer en conséquence la nuit sur un arbre, où, avec des branches et des feuilles, nous nous fîmes des espèces de hamacs ; le lendemain seulement, au grand jour, nous pûmes reconnaître notre chemin.