Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/152

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cartes, ou d’autres petits ports du voisinage. Hormis quelques tonnes de gomme-gutte, un peu d’ivoire, du poisson pêché dans le grand lac par des Annamites, du bois d’ébénisterie et de construction pour lequel il est célèbre, et du coton, le Cambodge ne fournit rien au commerce, et j’ose émettre l’opinion que le jour où les ports d’Annam seront ouverts aux Européens, les marchands chinois établis à Kampôt abandonneront cette ville ; cependant, mieux gouverné, ce district pourrait alimenter le commerce d’un grand nombre de produits dont nous parlerons plus tard.

Ce qui reste de ce malheureux pays ne tardera sans doute pas à tomber sous la domination de quelque autre puissance. Qui sait ? Peut-être la France a-t-elle les yeux fixés sur lui et se l’annexera comme elle fait en ce moment de la Cochinchine.

Le peu d’impôts et de taxes que les Cambodgiens ont à supporter, comparativement aux Siamois, me faisait penser que je trouverais ce peuple vivant dans l’abondance et le bien-être ; aussi ma surprise fut grande d’y rencontrer, à très-peu d’exceptions près, presque tous les vices, sans aucune des qualités que l’on trouve chez les autres peuples, ses voisins : la misère, l’orgueil, la grossièreté, la fourberie, la lâcheté, la servilité et une paresse excessive sont l’apanage de cette misérable population.

On a répété souvent que l’on ne devait pas juger d’un pays où l’on n’a fait que passer ; que ceux-là seuls pourraient le faire qui y ont séjourné longtemps. J’admets que dans un séjour rapide l’on est sujet à commettre des erreurs ; mais, je le répète ici, je mentionne ce que je vois, et donne mes im-