Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/178

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plut au roi. Le jeune prince demanda la permission de se retirer. Il salua son frère en se prosternant profondément et en élevant ses mains réunies au-dessus de la tête. Le roi lui recommanda de ne pas manquer de revenir le lendemain matin, afin de nous accompagner au palais du premier roi. Le prince passa alors dans la cour, où un page le mit à califourchon sur une de ses épaules et l’emporta dans son palais. Le roi me fit alors admirer ses meubles d’Europe : des tables d’acajou couvertes de vases en porcelaine, des fleurs sous cylindres et d’autres ornements d’un goût vulgaire. Il me fit surtout remarquer deux vieilles glaces entourées de cadres dorés, un divan et des choses semblables.

« Je commence seulement, dit-il ; dans quelques années, mon palais sera beau. »

Il me conduisit ensuite dans son jardin, où, parmi de rares et curieuses plantes, s’élève un rocher artificiel en miniature. En me ramenant au salon, il me fit passer devant toutes ses femmes (il y en avait au moins cent), que la curiosité avait attirées hors du sérail.

« Vous êtes le premier étranger qui soit jamais entré ici, me dit-il ; au Cambodge comme à Siam, personne, sauf les gens de service, ne peut pénétrer dans les appartements particuliers du roi. »

Je le remerciai de l’honneur qu’il daignait m’accorder, et, en prenant congé de lui, je le priai de me donner une lettre pour les chefs des provinces de son royaume et un ou deux éléphants pour continuer mon voyage. Il me promit d’acquiescer à ma demande. Ce jeune souverain, qui porte le titre de