Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/196

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fluviales que je ne trouverais nulle part ailleurs[1], et que cette tribu de sauvages presque inconnue m’offrirait une étude curieuse et intéressante ; il n’en fallait pas davantage pour me pousser en avant. Je me confiai en la bonne Providence et continuai ma route en recevant ces dernières bonnes paroles de M. Cordier.

« Que Dieu accompagne le pauvre voyageur ! »

Douze milles plus haut, je dus laisser ma barque pour prendre la voie de terre. Je partis à deux heures de l’après-midi, espérant arriver le même jour à Pemptiélan, grand village où réside le mandarin auquel la lettre du roi était adressée ; cependant ce ne fut que le lendemain matin, à onze heures, que nous y parvînmes ; nous passâmes la nuit au pied d’un arbre, à côté d’un grand feu.

Je me rendis aussitôt auprès du mandarin qui administre toute cette partie du pays. Il me reçut fort bien, malgré le peu de valeur qu’avaient les présents que je lui offris. Il donna immédiatement l’ordre qu’on me préparât des chariots, puis m’offrit une provision de tabac, d’arec et de bétel. C’était un homme doux et assez distingué dans ses manières pour un Cambodgien ; il me demanda des nouvelles de la guerre de Cochinchine, quelques renseignements sur l’Europe, le temps qu’il faut pour s’y rendre, etc.

En sortant de Pemptiélan, nous nous engageâmes, pour n’en sortir qu’à de rares intervalles, dans d’épaisses forêts, et nous dûmes passer les premières

  1. C’est de là que viennent le beau « Bulimus Cambogiensis » et « l’Hélix Cambogiensis » et aussi « l’Hélix-Mouhoti », pour la première fois collectionnés et décrits.