Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/207

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Le Stiêng n’a pas plus de rapport dans les traits avec l’Annamite qu’avec le Cambodgien ; comme le premier cependant il porte la chevelure longue, tournée en torchon, mais fixée plus bas par un peigne de bambou ; très-souvent il y passe pour ornement un bout de fil de laiton surmonté d’une crête de faisan. Sa taille est un peu au-dessus de la moyenne ; sans être fort, il est bien proportionné et a une apparence robuste. Ses traits son généralement réguliers ; d’épais sourcils et une barbe assez bien fournie, quand il ne s’arrache pas les poils des joues, lui donnent un air grave et sombre.

Son front est généralement, bien développé et annonce une grande intelligence qui effectivement est fort au-dessus de celle du Cambodgien. Ses mœurs sont hospitalières, et l’étranger est toujours certain d’être bien accueilli et même fêté chez lui. Quand il en reçoit un, on tue un porc, ou l’on met la poule au pot et on boit le vin. Cette boisson ne se prend ni dans des verres ni dans des vases, mais on la hume dans une grande jarre, à l’aide d’un tube de bambou ; elle est tirée du riz, fermentée, mais rarement distillée. Lorsqu’on vous offre le tuyau de bambou, le refuser est une grande impolitesse à laquelle plus d’un sauvage a répondu par un coup de couteau. La même étiquette exige aussi que l’on mange en entier le morceau qui vous est échu en partage.

Leur unique vêtement est une longue écharpe qui, lorsqu’elle est sur leur corps, ne paraît pas avoir plus de deux pouces de largeur ; je les surpris souvent tout à fait nus dans leurs cabanes ; mais alors ils se recouvraient aussitôt qu’ils m’apercevaient.