Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/211

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planté en terre, ils suspendent des panaches arrachés aux roseaux ; plus bas, ils attachent de petits bambous qui contiennent quelques gouttes d’eau et de vin ; et enfin, sur un petit treillage élevé au-dessus du sol, ils déposent un peu de terre, y plantent une flèche, y jettent quelques grains de riz cuit, un os, un peu de tabac et une feuille.

Selon leurs croyances, les animaux ont aussi une âme qui continue à errer après la mort ; aussi, quand ils en ont tué un, dans la crainte que cette âme ne vienne les tourmenter, ils lui demandent pardon du mal qu’ils lui ont fait et lui offrent de petits sacrifices proportionnés à la force et à la grandeur de l’animal. Pour un éléphant, la cérémonie est pompeuse : on tresse des couronnes pour orner sa tête ; le tam-tam, le tambourin et les chants retentissent pendant sept jours consécutifs. Tout le village, appelé au son de la trompe, accourt et prend part à la fête, et chacun a droit à un morceau.

Les Stiêngs fument la chair des animaux qu’ils veulent conserver longtemps ; mais comme d’ordinaire tous ceux qu’ils tuent ou prennent à la chasse sont mangés sur le terrain même dans l’espace de deux ou trois jours, ils se contentent de les faire roussir en entier et sans les dépouiller ; plus tard, ils les dépècent et les cuisent, soit dans le creux d’un bambou vert, soit sur des charbons.

Il est rare de rencontrer un sauvage sans qu’il ait son arbalète à la main, son couperet sur l’épaule et une petite hotte sur le dos, qui lui sert de gibecière et de carquois.

La chasse et la pêche occupent tout le temps que