Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/23

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ter et trouver un navire en partance pour la capitale de Siam. Le 12 du même mois, après une traversée assez monotone dans le large golfe qui sépare l’Indo-Chine en deux péninsules, nous arrivâmes à la barre du Ménam, fleuve qui traverse la ville de Bangkok ; il est obstrué à son embouchure par un vaste banc de sable qui barre le passage aux navires d’un fort tonnage, et c’est à huit ou neuf milles dans le golfe, et avec des frais assez considérables, qu’ils doivent opérer une partie de leur déchargement, s’ils veulent remonter jusqu’à la capitale. Le Kusrovie, notre bâtiment, ne tirant que douze pieds d’eau, passa sans grandes difficultés et vint jeter l’ancre à Paknam, en face de la demeure du gouverneur, chez lequel le capitaine et moi nous nous rendîmes aussitôt, afin d’obtenir la permission de poursuivre notre route.

Cette formalité remplie, je m’empressai de visiter les forts, le marché et quelques rues de la ville. Les premiers sont construits en briques et crénelés. Paknam est le Sébastopold ou le Cronstadt du roi de Siam ; cependant je crois qu’une escadre européenne s’en rendrait facilement maîtresse et que son chef, après y avoir déjeuné, pourrait le même jour aller dîner à Bangkok.

Sur un petit îlot, au milieu de la rivière, s’élève une pagode fameuse et d’un travail remarquable ; elle contient, m’a-t-on dit, les restes des derniers rois siamois. L’effet que produit cette pyramide, en se reflétant dans les eaux profondes, et limpides et en profilant ses grandes lignes sur un fond de verdure tropicale, est vraiment saisissant.

Quant à la ville, ce que j’en ai vu était d’une saleté