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colonies d’Australie, des Indes, de la Jamaïque, de la Nouvelle-Zélande, etc. ; et nous serons peut-être obligés d’acheter d’elle, de même qu’elle et nous aujourd’hui achetons à l’étranger. Pourquoi ne deviendrions-nous pas nous-mêmes nos propres fournisseurs ? Les terres de la seule île de Ko-Sutin, comme toutes celles des rives du Mékong, sont, à titre de propriétés royales, louées aux planteurs de coton à raison d’une livre d’argent en poids et par lot d’un hectare à peu près, donnant un revenu de plus de douze cents francs. Les forêts situées sur les terrains élevés donnent de beaux bois de constructions célèbres à juste titre ; on y trouve également des arbres à gomme et à résine très-recherchés dans le commerce, tels que le bois d’aigle et plusieurs espèces de bois de teinture.

Les montagnes renferment des mines d’or, de plomb argentifère, de zinc, de cuivre et de fer ; ces dernières surtout sont très-communes.

On s’étonne de voir une production insignifiante, une industrie nulle dans ces contrées si fertiles et si riches, mais on ignore généralement que les rois et les mandarins s’enrichissent par la spoliation et la concussion, par tous les abus qui ruinent le travail et arrêtent le progrès. Que ce pays soit administré avec sagesse et prudence, avec loyauté et protection pour le peuple, et tout y changera d’aspect avec une merveilleuse rapidité.

Toutes les taxes pèsent sur le producteur, le cultivateur ; plus il produit, plus il paye ; donc, porté à la paresse par l’influence du climat, il a une autre raison pour caresser ce vice ; moins il produira,