Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces mêmes forêts produisent des bois de tabletterie et de construction incomparables. Les fruits et les légumes de toute espèce y abondent, et le gibier y est en profusion. Enfin, le grand lac à lui seul est une source de richesses pour une nation entière ; il est si rempli de poissons, qu’à l’époque des eaux basses on les écrase sous les embarcations ; le jeu des avirons est souvent gêné par leur nombre, et les pêches qu’y viennent faire tous les ans une foule d’entrepreneurs cochinchinois, sont littéralement des pêches miraculeuses.

La rivière de Battambâng ne fourmille pas moins d’êtres animés, et j’y ai vu prendre jusqu’à deux mille poissons, de diverses espèces, d’un coup de filet.

Il ne faut pas omettre non plus les nombreuses cultures qui feraient la richesse d’une nation et qui réussiraient ici au-delà des meilleures espérances. Avant toute autre, et celle qui aurait le plus de chance de succès, sous le double rapport de sa culture et de son placement, ce serait, comme je l’ai dit, celle du coton ; nous rangerons immédiatement après le caféier, le mûrier, le muscadier, le giroflier, l’indigo, le gingembre et le tabac ; toutes ces plantes, sur ce sol négligé, donnent déjà des produits reconnus d’une qualité supérieure. À l’heure qu’il est, on y plante suffisamment de coton pour en fournir toute la basse Cochinchine et en exporter même en Chine. La récolte de la seule petite île de Ko-Sutin, située dans le Mékong, s’élève à la charge de cent navires pour la part fournie par les planteurs fermiers du roi de Cambodge. Que ne ferait-on pas, si ces colonies appartenaient à un pays comme l’Angleterre, par