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tiens transportés de Vien-Chan, ancienne ville située, au nord-est de Kôrat, sur les bords du Mékong, et que les révoltes et les guerres ont entièrement dépeuplée.

À en juger par leurs demeures, propres et confortables, par un certain air d’aisance qui règne dans les villages, par leur industrie et le voisinage de Bangkok, ils doivent, quoique grevés d’impôts, jouir d’un certain bien-être, surtout depuis l’impulsion que les blancs établis dans la capitale ont donnée au commerce.

Les herbes qui recouvrent la surface de l’eau dans ce canal entravèrent notre marche au point de la rendre pénible. Nous mîmes trois jours à le franchir, tandis que, du mois de mai à celui de février, il ne faut que ce même temps pour remonter de Paknam à Bangkok.

Le 4 avril, j’étais de retour dans cette capitale après quinze mois d’excursions. Pendant la plus grande partie de ce temps, je n’ai pas connu la jouissance de coucher dans un lit, et n’ai eu en voyage que de mauvaise eau à boire et une nourriture composée de riz et de poisson sec, ou, pour varier, de poisson sec et de riz. Je suis étonné moi-même d’avoir pu conserver ma santé aussi bonne, surtout dans l’intérieur des forêts, où souvent, trempé jusqu’aux os, sans pouvoir changer de linge, bivaquant les nuits devant un feu au pied des arbres, je n’ai pas essuyé une seule atteinte de fièvre, et j’ai toujours conservé mon sang-froid et ma gaieté, surtout quand j’avais le bonheur de faire quelque découverte. Une coquille inédite, un insecte nouveau me trans-