Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/32

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que tous le nez un peu camard, les pommettes des joues saillantes, l’œil terne et sans intelligence, les narines élargies, la bouche trop fendue, les lèvres ensanglantées par l’usage du bétel, et les dents noires comme de l’ébène. Ils ont tous aussi la tête complètement rasée, à l’exception du sommet, où ils laissent croître une espèce de toupet. Leurs cheveux sont noirs et rudes : ils figurent assez exactement la brosse ; les femmes portent le même toupet, mais leurs cheveux sont fins et tenus soigneusement. On regrette, à les voir, qu’elles les rasent impitoyablement dés leur naissance. Le costume des hommes et des femmes est peu compliqué : une pièce d’étoffe qu’ils relèvent par derrière et dont ils attachent les deux bouts à leur ceinture, est leur unique vêtement. On lui donne indifféremment le nom de pagne ou de langouti. Les femmes portent, en outre, une écharpe d’une épaule à l’autre. Nous reconnaissons, du reste, volontiers, qu’ici, le type féminin, tant qu’il peut s’étayer de la jeunesse, est de beaucoup supérieur au type de l’homme et que, la finesse des traits à part, la Siamoise de douze à vingt ans a peu à envier aux modèles convenus de notre statuaire.

Depuis le prince jusqu’au mendiant, tout le monde mâche le bétel à Siam : c’est un des besoins de la vie. Aussi, les Chinois établis dans ce royaume cultivent-ils avec soin cette denrée, qu’ils vendent avantageusement. Ces Chinois émigrés sont d’habiles cultivateurs, des commerçants intelligents ; ils parlent le siamois comme s’ils étaient nés à Siam, mâchent le bétel comme les indigènes ; comme eux, ils rampent devant les mandarins et le roi ; mais, en revanche, ils