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inoculer à un élève, privilégié sur dix fruits secs, la science complète de l’écriture et de la lecture, ni plus, ni moins.

J’étais de retour à Ajuthia vers le milieu d’octobre. Malgré mon intention bien arrêtée de ne passer dans cette vieille capitale que le temps nécessaire pour échanger une poignée de main avec le bon P. Larnaudie, qui se trouvait alors au milieu de sa petite chrétienté, j’y fus cependant retenu plusieurs jours par l’attrait inattendu que m’offrit un des épisodes les plus curieux de l’inondation.

Les éléphants abondent dans les forêts et les jungles qui entourent Ajuthia ; ils y vivent, non pas tout à fait à l’état sauvage, mais dans cette espèce de liberté dont jouissent les chevaux et les bœufs de la Camargue, et les buffles des Marins-Pontins. Tous sont propriété du souverain, et c’est un crime que d’en tuer ou d’en blesser un, même surpris en flagrant délit de déprédation. Une fois par an, seulement, on les traque officiellement pour en amener le plus qu’on peut dans le kraal, ou parc construit pour eux près d’Ajuthia, et qui forme le dépôt de remonte le plus vaste et le mieux organisé du royaume.

C’est un grand quadrilatère, fermé de deux enceintes concentriques et parallèles. La première, ou l’intérieur, est en maçonnerie de deux mètres d’épaisseur ; la seconde se compose d’une palissade en troncs massifs de teck, ou ciste des Indes, profondément enfoncés dans le sol et n’offrant entre eux qu’un intervalle de quelques pouces.

Chaque enceinte n’a qu’une entrée, sorte de traquenard qui s’ouvre ou se ferme par le jeu de