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deux énormes poutres, glissant facilement dans de profondes rainures.

Dès que la bande d’animaux pourchassés est engagée tout entière entre les deux enceintes, et que le seuil de la première s’est refermé sur elle, on procède au triage des éléphants propres au service. Cette opération se fait sous la direction d’un jury d’examen, composé des plus grands personnages de l’État, préside ordinairement par le roi en personne et siégeant sur une large plate-forme élevée sur un des côtés du kraal.

Les qualités recherchées à Siam, dans un éléphant, sont : une couleur approchant du brun pâle ou de l’isabelle cendré, des ongles bien noirs, et enfin des défenses bien intactes et une queue non mutilée. Ces deux derniers points sont difficiles à concilier dans un même individu ; car si un ivoire sans écorchure dénote chez l’animal qui en est porteur un caractère paisible et peu querelleur, une queue en bon état indique clairement que son propriétaire n’a jamais tourné le dos à l’ennemi.

Dès que, du haut de leur estrade, les membres de la commission d’examen ont remarqué dans la bande sauvage un animal remplissant, ou à peu près, les conditions requises, ils le signalent à l’attention et à la poursuite des cornacs-chasseurs apostés à cet effet. Ceux-ci font entourer immédiatement le pachyderme désigné par de vigoureux éléphants privés, qui le pressent, le poussent et l’amènent plus ou moins doucement dans l’enceinte intérieure. Si la pauvre brute regimbe trop, ou cherche à s’enfuir, un nœud coulant jeté autour d’une de ses jambes ne