Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/337

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grand nombre d’habitants de cette province sont originaires du Laos, anciens captifs amenés de Vien-Chang après le soulèvement de cette province. Les provinces de Boatioume et de Petchaboune sont peuplées de Siamois, car le Laos proprement dit ne commence qu’à M’Lôm. Toutes ces provinces, de même que celles qui les confinent à l’est et au nord, sont gouvernées par des mandarins siamois, d’un rang plus ou moins élevé, c’est-à-dire que quelques-uns d’entre eux ont droit de vie et de mort, et sont alors considérés comme vice-rois. Les provinces plus éloignées, quoique simplement tributaires, relèvent du royaume de Siam et en font intégralement partie.

La province de Petchaboune est surtout renommée pour son tabac, considéré comme le meilleur de Siam, et dont il se fait un grand commerce avec Bangkok, malgré l’extrême difficulté des communications ; car à l’époque des grandes eaux, lorsque les barques d’une certaine grandeur peuvent s’y rendre, il faut un mois de lutte pénible contre un courant qui a la force d’un torrent pour atteindre le centre de production. Dans la saison sèche, il n’y a que les barques d’une très-petite dimension qui puissent être employées à ce voyage ; car, à de fréquents intervalles, on est obligé de les traîner sur le sable ou de les transporter au-delà des roches, qui forment en maints endroits des rapides obstruant la navigation. Ce commerce est, en grande partie, entre les mains des Siamois de Petchaboune, qui arrivent à Pakpriau vers la fin de la saison des pluies pour échanger ce produit contre des noix d’arec ou d’autres objets.