Aller au contenu

Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laire, puis se rattache aux montagnes qui courent à l’est vers Kôrat et au nord vers le M’Lôm et le Thibet. En face du mont Khoc, d’autres monts s’élèvent en pente abrupte à partir de la rive droite qu’ils dominent un instant pour se prolonger à l’est où ils se réunissent à d’autres chaînes. C’est dans cette étroite vallée et sur les bords de la rivière qu’est situé le hameau que j’habite. Toute la contrée est dans un état sanitaire affreux ; cependant, comme tous les pays montagneux, elle recèle des choses admirables.

Les pluies qui deviennent de plus en plus rares et qui ont même fini de tomber au nord ont déjà fait baisser le lit de la rivière de plus de vingt pieds. On me dit qu’à Boatioume elle est si étroite que les branches des arbres des deux rives se touchent et forment une voûte au-dessus de la tête des voyageurs. Ces montagnes, composées de calcaire, sont couvertes d’une puissante végétation, mais portent partout les traces de l’eau qui les recouvrait à une époque géologiquement récente. De leur sommet, on peut se représenter les limites qu’avait alors la mer ; on reconnaît du premier coup d’œil qu’elle envahissait la plaine qui se déroule au sud, et que tous les éperons des massifs montagneux formaient des caps, des golfes ou des îles. J’ai trouvé à peu de distance de leur base, sous une couche d’humus, des bancs de corail fossile et des coquillages marins en fort bon état de conservation[1].

  1. « … Lorsque j’étais à Ajuthia, ayant eu occasion de faire des fouilles, pour chercher les vases sacrés qui furent enfouis lors de l’invasion des Birmans, en 1700, j’observai, partout où je fis creuser, qu’à la profondeur d’environ trois mètres on rencontrait une couche de tourbe noire d’un