Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/361

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à Kôrat avec mes bagages, et de revenir avec l’autre à Bangkok, pour réclamer près de notre consul, des ministres ou du roi lui-même ; car il y a un traité conclu par M. de Montigny, entre la France et le roi de Siam, qui oblige à donner aide et protection aux Français, et surtout aux missionnaires et aux naturalistes. C’était là une perte de temps bien regrettable et qui pouvait m’occasionner de très-sérieux inconvénients, car, si par suite de ces délais je venais à être surpris par la saison des pluies au milieu des forêts, ou même avant mon arrivée dans un lieu sain, ma santé et ma vie pouvaient être compromises.

Heureusement, depuis Kôrat, j’eus le plaisir de voyager en compagnie de cet éléphant blanc capturé dans le Laos, dont j’ai parlé plus haut, et qu’un dignitaire de Bangkok, avec lequel je liai connaissance et qui me prit en amitié, était venu chercher en grande pompe. La caravane était magnifique : elle comptait plus de soixante éléphants de couleur normale, dont deux furent mis à mon service, un pour moi-même et un autre pour mon domestique.

Me trouvant donc dans les bonnes grâces du mandarin chargé d’escorter le pachyderme, fétiche, je lui contai mon aventure, et il me promit de me faire obtenir tout ce que je désirais. À notre arrivée à Saraburi, nous trouvâmes les administrateurs du Laos et les premiers mandarins de Bangkok réunis en cette ville pour prendre soin de l’éléphant. Les Siamois, gens superstitieux avant tout et pleins de foi dans la métempsycose, croient que l’âme de quelque prince ou de quelque roi passe dans le corps de ce pachy-