Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/383

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d’un lit de branchages, assaillis qu’ils sont par des myriades de moustiques attirés par la lumière des torches et des feux, des légions de taons qui, à la tombée du jour aussi bien que lorsqu’on met le pied à l’étrier, s’attaquent à l’homme autant qu’à sa monture, des pucerons presque imperceptibles qui vous entourent par essaims et dont la piqûre, excessivement douloureuse, vous cause d’énormes ampoules ; je ne parle pas des sangsues qui, à la moindre pluie, sortent de terre, sentent l’homme à plus de vingt pas, et de tous les côtés viennent avec une vitesse incroyable lui sucer le sang. Se couvrir les jambes d’une bonne et solide couche de chaux est le seul moyen de les empêcher d’envahir tout le corps pendant la marche.

Le 12 avril, j’avais quitté Bangkok ; le 16 mai, j’arrivai à Leuye, chef-lieu d’un district relevant tout à la fois de deux provinces, de Petchaboune et de Lôme, et situé dans une vallée étroite comme tous les villages et villes que j’ai rencontrés depuis Tchaïapoune jusqu’ici. C’est le district de Siam, le plus riche en minerai. Un de ces monts renferme des gîtes immenses d’un fer magnétique d’une qualité remarquable ; d’autres de l’antimoine, du cuivre argentifère et de l’étain.

Le fer seul est exploité, et cette population, moitié agricole, moitié industrielle, fournit d’instruments de labour et de coutelas toutes les provinces qui l’entourent jusqu’au-delà de Kôrat. Cependant il n’y a ni usines ni machines à vapeur, et il est vraiment curieux de voir combien peu il en coûte à un forgeron pour son installation : dans un trou d’un mètre et