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latitude, de quatre-vingts à cent mètres de largeur.

Le Tchie est navigable depuis la latitude de Kôrat jusqu’à son embouchure, du mois de mai au mois de décembre. Le Leuye, le Ouan et le Houn ne le sont que sur une étendue restreinte à cause de leurs nombreux rapides, et, malgré nos vieilles géographies, il n’existe pas de communication par eau entre le Ménam et le Mékong ; les hauteurs considérables qui séparent ces fleuves sont des obstacles insurmontables pour le percement de canaux.

Les Laotiens ressemblent beaucoup aux Siamois ; une prononciation différente, une accentuation lente est la seule différence que je remarque dans leur langage. Les femmes portent les cheveux longs et une jupe pendante, ce qui leur va bien quand elles sont jeunes et qu’elles sont peignées. Elles sont mieux que celles des bords du Ménam ; mais à un âge un peu avancé, leur chignon négligemment jeté sur une tempe ou l’autre, et les goitres d’une grosseur énorme dont elles sont affectées, les rendent d’une laideur repoussante.

Le commerce, dans toute cette partie du Laos, est peu considérable, les Chinois habitant Siam ne pouvant pénétrer jusqu’ici, à cause des frais ; énormes que leur occasionnerait le transport de leurs marchandises à dos d’éléphant. À peu près chaque année, il vient une caravane du Yunnan, composée d’une centaine d’individus et de quelques centaines de mulets. Les uns vont jusqu’à Kenne-Thae ; d’autres gagnent M. Nâne et Tchieng-Maïe. Ils arrivent en février et repartent en mars ou avril.

Le mûrier ne réussit pas dans ces montagnes ;