Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/389

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La ville est bâtie sur les deux rives du fleuve ; mais la partie droite ne compte que quelques habitations. La partie la plus considérable entoure un mont isolé qui a cent et quelques mètres de hauteur, et au sommet duquel on a établi une pagode. Si ce n’était par crainte des Siamois, et surtout des montagnes couvertes de jungles où réside la mort, cette principauté tomberait vite entre les mains de Annamites, qui n’osent s’avancer qu’à sept journées de marche à l’est.

Une charmante rivière de cent mètres de largeur opère sa jonction avec le fleuve à l’extrémité nord-est de la ville, et conduit à quelques villages de Laotiens sauvages qui portent ici le nom de Tiê. Ces derniers ne sont autres que ces tribus appelées Penoms par les Cambodgiens, Khâs par les Siamois, Moïs par les Annamites, mots qui n’ont d’autre signification que celle de sauvages.

Toute la chaîne de montagnes qui s’étend du nord du Tonkin au sud de la Cochinchine, à une centaine de milles au nord de Saïgon, est habitée par ce peuple tout à fait primitif, divisé en tribus qui parlent divers dialectes, mais dont les mœurs sont partout les mêmes. Tous les villages qui ne sont pas à une très-grande distance du Mékong sont tributaires : les plus rapprochés de la ville travaillent aux constructions du roi et des princes, et ont toutes les corvées pénibles ; les autres payent leur tribut en riz. Leurs habitations sont situées dans les endroits les plus touffus des forêts et où ils savent seuls se frayer un sentier. Leurs cultures se trouvent sur le penchant et au sommet des montagnes. En un mot, ils