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qui ont coûté la vie au voyageur, — que la France, à laquelle il a montré et ouvert le chemin du Cambodge, — lui élevassent à frais communs un modeste, mais durable monument dans le cimetière chrétien de Bangkok, où sans doute il est allé rêver plus d’une fois, et dont la brillante végétation réunit sous une ombre propice la plupart des objets spéciaux de ses études : les fleurs, les insectes et les oiseaux des tropiques ?

Ce souhait a été exaucé et au-delà. Le monument que nous demandions pour Henri Mouhot lui a été élevé par des compatriotes, non sur le rivage qui fut le point de départ de ses découvertes, mais aux lieux mêmes où il est tombé et où il repose : à cinq mille lieues de sa patrie, à quatre cents du point le plus rapproché qu’habite un Européen !

Au mois de mai 1867, la commission française envoyée de Saïgon atteignait Luang-Prabang, et le 24 du même mois, le commandant de Lagrée, son chef, écrivait en Europe :

« Nous avons trouvé partout ici le souvenir de notre compatriote Mouhot, qui, par la droiture de son caractère et sa bienveillance naturelle, s’était acquis l’estime et l’affection des indigènes. Tous ceux qui l’ont connu sont venus nous parler de lui en termes élogieux et sympathiques. — Les regrets que devaient nous inspirer la vue des lieux où s’est accomplie sa dernière lutte ont été adoucis par la consolante satisfaction de trouver le nom français honorablement connu dans cette contrée lointaine. — Les serviteurs qui l’accompagnaient ont rapporté fidèlement les détails de ses derniers moments, et