Page:Mouhot - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, éd. Lanoye, 1868.djvu/87

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rapproché de la mer, était ; aussi plus favorable à une retraite si la fortune lui devenait contraire. Il y arriva à la tête de ses troupes, y établit sa capitale, et bâtit son palais sur le bord occidental du fleuve, près du fort qui est resté debout jusqu’à présent.

« Poursuivant son œuvre avec une rare persistance, il eut encore plusieurs rencontres avec les Birmans, et les vainquit surtout au moyen d’une flottille qui multipliait ses forces. Une fois, il s’empara de tout leur camp et d’une partie du butin qu’ils avaient ramassé ; enfin il délivra complètement le pays de ces ennemis, qui y avaient porté la désolation et la terreur. Le peuple, le reconnaissant comme son sauveur, ne s’opposa nullement à son désir de ceindre la couronne ; il envoya de Bangkok des ordres, des gouverneurs et des colonies même pour repeupler le pays dans diverses directions. Ainsi, à la fin de 1768, il se voyait le souverain absolu de toute la partie méridionale de Siam et de la province orientale baignée par le golfe. Profitant d’une guerre acharnée de la Chine avec les Birmans, il reconquit la province du nord ou de Korat. Deux autres provinces qui, pendant l’invasion étrangère, s’étaient affranchies complètement, furent recouvrées encore par Phaya-Tak ; au bout de trois ans, il était le maître incontesté du Siam, et il consolida de plus en plus son autorité, rétablissant partout l’ordre et la paix. Ayant réorganisé complètement le royaume, il lui fut facile de résister à une nouvelle attaque des Birmans en 1771 ; l’année suivante, il dirigea une expédition contre la péninsule malaise, dans l’intention de prendre possession de Ligor, la capitale, dont