Aller au contenu

Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
AUTOURIDÉS.

pour pouvoir produire subitement des angles très prononcés : il leur faut pouvoir attraper sous bois un pigeon ou une tourterelle, et c’est ce vigoureux gouvernail qui leur permet de se faufiler à toute vitesse entre les branches innombrables et les troncs d’arbres.

Il y a un autre oiseau qui arrive au même résultat par un autre moyen, c’est le grand-duc.

Ses besoins sont les mêmes ; c’est aussi sur la lisière des bois et dans les arbres que se passent ses exploits cynégétiques. Sa queue est nulle : impossible de s’en permettre une dans les trous où il a l’habitude de se blottir ; elle serait trop gênante.

Comment faire ?

Il s’en sort par une aptitude toute particulière que la nécessité lui a fait acquérir : c’est une mobilité et une puissance extraordinaires dans la manière de présenter les plans de ses ailes. — Dispositions qui changent sa direction avec une incroyable célérité. Nul autre volateur n’a ce don aussi développé.

Aussi avec quel étonnement regarde-t-on un de ces énormes oiseaux voler sous bois ; on ne revient pas de cette adresse ; l’habitude qu’on a de voir se mouvoir d’une manière très rectiligne les oiseaux qu’on voit ordinairement, fait que le vol du grand-duc stupéfie ; c’est à croire qu’à chaque instant il va se heurter contre quelque arbre, et cependant tout est évité. Il passe silencieusement, horizontalement ou même verticalement, dans des espaces où à première vue il n’y a pas passage, et cela toujours avec une précision mécanique, sans hésitation ni arrêt de vitesse.

C’est bien le vol le plus extraordinaire qu’il soit possible de voir ; seulement, c’est un spectacle rare, même pour les habitants de la campagne.