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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/183

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L’EMPIRE DE L’AIR.

rues les plus fréquentées. Il n’est pas rare de lui voir enlever un objet entre les mains des fellahs : il arrive toujours par derrière, fond sur ce qu’il convoite avec un sang-froid imperturbable, et l’emporte au grand ébahissement du volé.

Il est le commensal des camps : de peur de n’y pas voir assez, il se tient il 5 ou 6 mètres seulement en l’air, et fond sur tout ce qui fait ventre, même souvent daus le plat, au milieu de l’assemblée.

Il a pour concurrent, moins hardi que lui cependant, les corneilles mantelées, qui sont aussi communes que lui en Égypte. Quand il a une proie, s’il ne se dépêche pas de la manger, les corneilles lui donnent une poursuite acharnée, et lui font souvent lâcher prise.

Cet oiseau est inoffensif. Il ne dérobe jamais ni poule ni pigeon ; les poules, au reste, ne font aucune attention à lui.

Au milieu de la journée il s’élève très haut, et de là se rend aux abords de la ville, sur le point où la curée lui paraît la plus abondante. Les abattoirs en sont encombrés ; ils sont là par centaines, perchés sur les murs, et fondant hardiment entre les bouchers arabes pour venir prendre à tout vol une bribe de chair.

On ne les gêne guère dans leurs évolutions ; les gens du pays ne feraient pas un mouvement pour les regarder : il n’y a que les chasseurs novices qui leur adressent quelques coups de fusil par curiosité. — Aussi leur hardiesse est sans limite. Je me souviens un jour d’avoir assisté à un curieux spectacle : mon domestique passait avec une couffe sur la tête, pleine de provisions : un grand manche de gigot pointait triom-