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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/192

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GRAND AIGLE FAUVE.

son allure, l’amplitude des immenses cercles qu’il décrit dans les airs. Par moments son immobilité est exacte : il étudie un terrain ou surveille une proie ; puis, soudain, de plusieurs centaines de mètres, il se laisse tomber comme un météore, avec la vitesse de la chute des corps dans l’espace.

Cette vitesse est telle, qu’en tombant il produit un bruit assez difficile à expliquer : ce n’est pas le boulet, ce n’est pas la balle ; il faut l’avoir entendu pour en avoir une idée juste ; puis, arrivé à une dizaine de pieds de la terre, il a assez de force dans les ailes pour détruire la vitesse de sa chute, et cela en une demiseconde, en les étendant seulement.

Son adresse est remarquable, jamais il ne commet d’erreur ; au reste, ses yeux sont excellents : de trois cents mètres en l’air il épie le lapin dans le fourré ou le canard dans les joncs. — Il se sert de ses griffes, qui sont les armes avec lesquelles il tue, d’une manière remarquable ; en captivité, lorsqu’il a faim, il attrape les morceaux de viande qu’on lui jette, avec une seule serre, et ne les manque jamais s’ils passent à sa portée.

Ses mouvements ont la précision des mouvements des petits oiseaux : il est net, sec, puissant dans ses allures ; son coup d’œil surtout est remarquable. — Comme il a les muscles moteurs du globe de l’œil très peu développés, il est obligé, toutes les fois qu’il veut voir nettement quelque chose, de faire un mouvement. Sa tête prend alors des poses splendides : cette prufielle brillante, logée sous une profonde arcade sourcilière, jette des éclairs ; son bec crochu, son air féroce, les plumes acuminées de l’occiput qu’il hérisse et lui forment un diadème ; tout