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Page:Mouillard - L’empire de l’air.djvu/29

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L’EMPIRE DE L’AIR.

ne comprend pas ce que fait l’oiseau dans telle position donnée, comment veut-on pouvoir l’imiter ?

On doit se poser constamment des problèmes que l’on voit se réaliser une fois ou l’autre.

Ainsi, je me persuadai à priori qu’un fin voilier pouvait par une bonne brise s’élever d’un point directement en l’air, et avancer malgré cela contre le vent. — J’étais persuadé que le fait était possible. — J’attendis des années avant de voir se produire cette évolution. Enfin, un jour, en Afrique, deux aigles en amour me donnèrent ce spectacle. L’un d’eux s’élança du sommet d’un frêne où ils étaient perchés, s’abaissa au vent de deux ou trois mètres, fut relevé par une rafale et s’éleva ainsi, directement, lentement, à une centaine de mètres en l’air, ayant gagné au vent au moins cinquante mètres ; et cela, sans un seul battement.

De pareilles démonstrations ne se voient pas tous les jours, il faut les chercher avec persistance ; il faut avoir le feu sacré de cette étude, il faut y être attiré par un je ne sais quoi qui fait que certaines évolutions vous font battre le cœur.

On doit désirer voir beaucoup, et faire ce qu’il faut pour bien voir ; recueillir les faits, se les expliquer si on peut, et on le peut ordinairement avec de l’intelligence et du bon sens. Cependant il y a certaines évolutions dont on ne peut trouver la raison d’être, témoin la suivante : 23 mai 1876.

Vu des milans planer et rester presque immobiles dans l’air. Il fait un vent du Nord faible. Ils sont tous très haut, ont la même allure, le bec au vent, avançant et montant, faisant à certains moments, tous ensemble, un rond ou deux : c’est probablement une zone d’air rapide qui passe. — Ce que ces oiseaux font