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les couverts volés.

ACTE II

Une Forêt.


Scène I

GUIGNOL, seul.

Du depuis trois jours que je suis dans c’te forêt, je ne me mets à table que devant les buissons… Je n’ai encore mangé que de pelosses, de mûrons, de ratabouts & de poires d’iziau… Mon ventre est mou comme une poire blette, & mon estomac me gargouille comme la fontaine des Trois-Cornets[1]… Que vas-tu devenir, pauvre Guignol ?… Je n’ose pas buger, les malchaussés tournent par là pour me prendre… Je suis perdu si je sors de la forêt… Avec ça, y a de mauvaises bêtes par ici, de loups, de serpents qui me donnent la chair de poule… Je ne peux plus me traîner ; il faut que je dorme un instant. (Il se couche sur la bande.) — Ah ! ma pauv’ m’man ! Si elle me savait ici, elle m’apporterait une soupe de farine jaune ; elle sait que je l’aime bien… Pauvre m’man ! elle venait tous les soirs me border dans mon lit. (Il s’endort & est bientôt éveillé par des hurlements, & par l’approche d’un serpent.) Ah ! qué grosse larmise[2] (Il s’enfuit & revient quand le serpent a quitté la scène.) Ah !

  1. Fontaine du quartier Saint-Georges, à Lyon.
  2. Larmise : lézard gris.