Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 1.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
le pot de confitures.

CASSANDRE.

Non pas contre vous, mon ami ; mais contre ce domestique que vous m’avez fait prendre il y a quelques semaines. C’est un gourmand fieffé… Rien ne lui échappe… le vin… le sucre… les fruits, tout est au pillage chez moi. Hier encore, nos voisines Mesdames de Saint-Rémi sont venues faire une visite au château : j’ai voulu leur offrir des confitures ; il n’y avait pas un pot entier ; & qui les avait entamées ? C’était lui, c’était M. Guignol.

OCTAVE.

Cela n’est pas possible, mon père.

CASSANDRE.

Cela est certain… je suis sûr de mes autres domestiques, & je l’ai déjà pris sur le fait… C’est affreux… je ne veux plus d’un pareil drôle.

OCTAVE.

Mon père, votre sévérité m’afflige beaucoup,… Vous savez que ce pauvre Guignol a été placé chez vous par Mademoiselle Émilie, la fille de votre ami, de votre voisin, M. Desessart. Avec votre permission, j’ai demandé il y a peu de temps la main de Mademoiselle Émilie, j’espère une réponse favorable ; mais enfin elle ne m’est pas encore donnée… Si vous renvoyez dans un pareil moment le protégé de Mademoiselle Émilie, elle se fâchera, elle me repoussera, mon mariage sera manqué & je serai au désespoir.