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Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 2.djvu/256

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dans le pot à l’eau, nom d’un rat ! Je vous laisse ça pour l’heure d’aujord’hui. Bonne chance, Gros-Pierre !

GROS-PIERRE.

Ah ! moi, ça m’est égal, quoique ça soit qui arrive. Je suis sûr que je ferai un fameux troupier.

GUIGNOL.

Allons donc ! tu n’as guère la capacité d’être soldat.

GROS-PIERRE.

Pourquoi ça ?

GUIGNOL.

Ah ! c’est qu’il faut tant de qualités !… Mon grand’père, qui avait fait la guerre dans les temps, disait qu’il fallait quatre choses pour faire un bon soldat :… la force d’un cheval… le courage d’un lion… le ventre d’une puce… & l’esprit d’un imbécile… Tu as bien quéques-unes de ces qualités-là, mais pas toutes… (à Julien) Et toi, Julien, tu es triste !

JULIEN, avec un soupir.

J’attends mon sort, mon brave Guignol ; mais il m’en coûte de quitter mon village, mes amis, la maison de M. Pierre-Jean.

GUIGNOL.

Tâche de bien remuer, de bien graboter dans le benot[1] & d’arraper un bon mimero.

  1. Benot ; diminutif de benne ; vase de bois que les villageois emploient à divers usages.