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L’ENVERS DU JOURNALISME

journaux sont en effet représentés, dans des circonstances semblables, et c’est à qui fera le mieux parmi les correspondants.

« Targut a donné une fière « attelée » aux autres journaux”, disait Petit.

— Il n’y a pas à dire, il fait un peu de « bluff », répondit Martin, mais il travaille.

— Oh ! oui, il a bien tenu tête à Laframboise.

— Laframboise, c’était le correspondant d’un journal rival, qui avait l’enviable réputation de pouvoir boire nuit et jour sans s’enivrer et de pouvoir écrire aussi nuit et jour, sans se fatiguer, de sorte que ses rivaux devaient infailliblement baisser pavillon devant lui.

Or, dans l’occurrence, Laframboise n’avait encore réussi ni à enivrer, ni à fatiguer Targut, qui bombardait le journal de colonnes interminables d’une prose moitié lamentable, moitié comique. Laframboise était aux abois et ne savait comment faire pour arriver à en écrire plus long que Targut et pour maintenir sa réputation de reporter sans égal.

Justement, il était à la gare, comme Targut et ses camarades y arrivaient. Il avait avec lui le correspondant d’un autre journal et lui dit : « je voudrais bien savoir ce que Targut vient machiner ici. »

On se salua, puis Targut et ses compagnons entrèrent dans la salle d’attente.

Targut était accablé de fatigue. Il n’avait pas fermé l’œil depuis deux nuits, ayant passé tout le temps à écrire. Il était à peine assis qu’il s’endormit lourdement.