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III

que l’on recherche en s’efforçant de parler avec vérité des choses de son pays et de les peindre ressemblantes est aussi nécessaire au point de vue littéraire qu’elle est de nature à plaire au point de vue national, car elle fait éviter la banalité.

Il semble donc qu’on puisse et qu’on doive chercher à introduire la couleur locale dans un genre littéraire qui n’est pas aussi en honneur que les autres parmi les écrivains canadiens-français, dans la peinture de la vie de tous les jours, dans les livres qui traitent de l’Actualité.

Chaque pays a eu ses peintres, de mœurs, — si l’on peut ainsi dire, — qui ont raconté les faits et gestes particuliers de chaque génération, qui ont traduit les sentiments de leurs contemporains et qui ont glorifié leurs idéals et interprété leurs aspirations. Les livres de ces auteurs constituent des documents pour le moins aussi intéressants, quand on veut étudier une époque, que les documents historiques, puisqu’ils sont comme des miroirs où a été fixée l’image de l’état d’âme d’une génération.

Mon désir serait de graver, d’un burin sûr et fidèle, les traits de mes contemporains ; mais cette ambition est difficile à réaliser et demanderait plus de maîtrise et plus d’habileté artistique que je n’en ai. Je me contenterai donc d’esquisser un petit coin du grand tableau