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Redones, avant-courrière de la forme Ridons, fournie par des monnaies carolingiennes. Un degré d’accentuation plus énergique me paraît en avoir fait sortir la forme Raedonum qui se lit[1] sur un manuscrit du xe siècle (cfr. Βηταρρα, Biterrae, Baeterrae ; rheda, et sa variante rhaeda, citée par M. de Belloguet, no 40). En regard de la diphthongaison indigène en ie, ii, je dois signaler le son bivocal oi, oe, oa, importé par les Bretons insulaires, auxquels on est redevable de la forme Roazon, nom de Rennes, la ville des Redones en bas-breton.

J’ai rendu compte du groupe épigraphique Ried, que je regarde comme le radical de Riedonum ; je vais maintenant donner les raisons pour lesquelles je préfère la terminaison onum à toutes celles qu’on peut grammaticalement imaginer pour les divers déterminatifs du mot civitas, tels que Redonica, Redonensis, Redonensium. J’ai d’abord, en faveur de la construction civitas Riedonum, l’analogie des cas similaires, civitas Pictonum, civitas Lingonum, etc., etc., suivant un usage pour ainsi dire constant, non-seulement dans l’épigraphie contemporaine[2], mais aussi dans des documents écrits à une date postérieure. La Notice des Provinces et des Cités de la Gaule, rédigée sous Honorius (395-423), construit invariablement le mot civitas avec le génitif pluriel d’un nom ethnique. Un fait remarquable qui, je crois, est resté inaperçu jusqu’à présent, c’est que tous les noms de peuples terminés en -ensium, et la liste en est nombreuse dans la Notice, ont,

  1. Guérard, Essai sur les divis. territor. de la Gaule, note de la page 15.
  2. Orelli, Inscript. latin. ampl.-collect. 189 ; 248 ; 1096. — Murattori, Nov. Thes. Vet. Insc. lxiv, 1 ; cdix, 1 ; mxli, 1 ; mliv, 4 ; mlxxxix, 1. — Huebner, Corp. Insc. Lat., t. II, 2517, 1180. Notez cependant deux cas exceptionnels, civitas Arucitana et civitas Pompelonensis, dans l’épigraphie hispino-romaine (op. cit. 953, 2958).