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occupés. Cette étude rétrospective comporte un enseignement curieux.

Dès 1740, Muratori, l’un des fondateurs de la science épigraphique, consigna l’inscription de Gordien III ; dans son Nov. Thesaur. Veter Inscr. (p. mlxxv, 5), d’après une copie qui lui fut communiquée par Bimard de la Bastie. On a peine à comprendre que jusqu’à présent aucun archéologue breton ne paraisse avoir soupçonné l’existence de cette importante mention dans un recueil réputé classique en la matière. Je répare cette injuste omission en reproduisant la propre annotation de l’auteur ; pour l’avoir méconnue, la plupart des commentateurs venus après Muratori se sont égarés dans les plus malencontreuses conjectures. Il faut dire toutefois que, par une erreur dont le célèbre épigraphiste n’est sans doute pas responsable, sa copie est fautivement partagée en trois lignes, tandis que l’original en comporte cinq. « imp.caes.m.antonio ‖ gordiano.pio.fel.avg ‖ p.m.tr.p.cos.o.r. Id est : Ordo Rodonum (sic), Decurionum videlicet. Redonum Civitas olim Galliæ Celticæ Urbs, Condate a Ptolomeo appellatur. Lapis hic positus fuit Anno Christi 239. »

Non-seulement la mention de Muratori resta ignorée, mais aucun de ceux qui se firent les historiens de l’inscription de Gordien III ne se préoccupa d’en donner, avant tout, une copie fidèle. L’abbé Gallet[1] ne tient nul compte des alinéas, mais en revanche introduit arbitrairement neuf lettres en plus, aux deuxième, septième et huitième mots. — « imp.caesar.m. antonio gordiano pio felici avgvsto p.m.tr.p.cos.o.r. » — Ogée, réédité avec un fâcheux ne varietur par Marteville[2], et recopié avec trop de confiance par d’autres auteurs encore, ramène à trois le nombre des lignes de l’original, supprime

  1. Dom Morice, Hist. de Bret. (t. I, col. 859).
  2. Dict. de Bret., édit. 1780 (t. IV, p. 19) ; édit. 1843 (t. II, p. 446).